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Réveillez vos morts !

Des tombes, des pioches et... de la bonne humeur !

Les cadavres sont à la fête cette semaine, puisque vient de s'ouvrir à Carpentras le 3ème Salon International de la Profanation et des Divertissements Mortuaires, le fameux “profanathon 99”. Un seul mot d'ordre : des tombes, des pioches et... de la bonne humeur !

Un mort vivant bien sympathique Après des débuts difficiles, on s'en souvient, et bien des controverses futiles, cette manifestation s'impose aujourd'hui comme le rendez-vous incontournable de tous les mordus de la profanation, mais aussi, plus simplement, des curieux et de ceux que ce hobby ne laisse pas indifférents. Doit-on d'ailleurs parler de hobby, ou de phénomène de société ? Car il est vrai que depuis quelques années, la profanation a véritablement pris son envol, et a cessé définitivement d'être une activité souterraine, réservée à une certaine élite avant-gardiste d'extrême droite. Le profanateur d'aujourd'hui est l'homme de la rue; il peut être aussi bien de droite que d'extrême droite, riche ou frustré, amateur de foot ou de chasse...(nos lecteurs interessés par cette étude sociologique se reporteront utilement au dernier numéro du très sérieux magazine “Les cahiers de la Profanation”)

“Des tombes, des pioches... et la bonne humeur”

Les exemples ne manquent pas et se laissent difficilement classer. Enrichie par divers courants culturels ou par de nombreux apports et innovations personnels, la profanation actuelle se fait plurielle et insaisissable. Enigmatique. Envoûtante, à l'image de ce sympathique quadragénaire lillois, ancien légionnaire :

“Moi la profanation, on peut pas dire que je sois tombé dans le chaudron quand j'etais petit. Pensez donc, aller piocher dans les cimetières, la nuit tombée, ça me paraissait pas très sain. D'autant plus qu'il y avait en ville des tas de nègres et de pédés à casser. Mais maintenant, avec le high-tech, les lunettes IR et les chalumeaux laser, c'est devenu beaucoup plus excitant. On se laisse tenter une fois, avec les potes et... on y revient ! Mon coup de coeur ? C'est les nouvelles pelleteuses "Dig in peace 666". On peut en faire plus d'un coup, ajoute-t-il avec un sourire gourmand. Y a même un compartiment pour les bières”.

Les bières ?

“Ah mais attention, hein, la kro c'est seulement quand j'emmène pas les gamins!” Nous avons laissé notre légionnaire, béat, devant le stand des explosifs “Grave blaster”, avant d'aborder un autre “profanatique”. Cette fois-ci, tout autre son de cloche (ou plutôt... de pioche!) au sujet, justement, du high-tech et de la profanation à grande échelle : “Ca devient de moins en moins sérieux. Les grandes compagnies ont flairé le filon et inondent le marché de nouveaux produits parfaitement inutiles. Ca va du logiciel Microsoft ProfanOffice aux explosifs en passant par le Profa-Cola (“Profa-Cola, les morts en veulent aussi ! ”). Toute cette débauche commerciale nuit sévèrement à l'esprit de notre art. Comme si c'était devenu ringard, tout à coup, d'utiliser la pelle et la pioche. Maintenant avec la technologie galopante et tous les effets spéciaux qu'on nous invente, une petite profanation bien pépère se transforme en Independance Day. Un peu de respect que diable ! Il ne s'agit ni d'un passe temps, ni d'une mode, même si parfois ç'en a l'air. Il ne faut pas oublier qu'avant nous, nos pères, et les pères de nos pères profanaient déjà nos ancêtres ! Et sans pelleteuse ou marteau-piqueur, que je sache.”

Seule concession à la modernité: les profanatongues

Aucune concession pour l'évolution, donc ?

“Allez, il y a tout de même une petite folie que je me permets, ce sont les profanatongues. C'est vrai que c'est agréable en été.” Et comment expliquer cet engouement soudain pour la profanation ? “Vous savez, la mode tournera. Bientot, j'en suis sûr, ce sera la xénophobie ou la zoophilie. Mais nous, les profanatiques, nous serons toujours là pour faire vivre les cimetières.” La tribu profanatoire présente donc des visages contrastés, comme en témoignent ces deux opinions diamétralement opposées. Mais n'est-ce pas là toute sa force ? Car aujourd'hui, à l'heure du multimedia de l'internet, de nouvelles tendances s'affirment, alors que d'autres activités, redécouvertes avec un émerveillement tout enfantin, retrouvent une seconde jeunesse. Ainsi le Profanathon ouvre-t-il cette année ses portes à la nécrophilie. Une généreuse initiative, saluée par la naissante communauté nécrophile, en quête de repères et d'identité.

“Nous avons notre place dans ce salon ; après tout, nous sommes juste des profanateurs qui vont au bout des choses !” déclare Gaston, expert comptable, mais nécrophile avant tout.

Saprtisti, on a profané mon frigo ! Cette nouvelle édition devrait donc tenir ses promesses, et nous offrir un cocktail rafraîchissant de professionalisme et d'enthousiasme. Au programme, de quoi satisfaire les petits comme les grands : expositions, conférences tenues par des spécialistes reconnus, démonstrations et ateliers d'initiation pour les plus jeunes, concerts (deux groupes toulonnais qui montent : “New grave in the air” et “Debout les morts”), ainsi qu'une grande tombola organisée en collaboration avec le magazine Profan'action. En premier prix ? Une profanation... au Père Lachaise ! Encadré par une équipe d'experts, l'heureux(se) gagnant(e) ira profaner Molière ou Guillaume Apolinaire au clair de lune. Imaginez leur étonnement à la sortie du tombeau !

Malheureusement, ces quelques lignes ne sauraient décrire pleinement ce qui attend les visiteurs du salon, aussi ne pouvons-nous que vous conseiller de vous y rendre... à tombes ouvertes !

Nico


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